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Dans une interview accordée au Parisien, dimanche 25 février, Judith Godrèche est revenue sur son discours qui a marqué la 49e cérémonie des césars vendredi soir. «Où êtes-vous, que dîtes vous ?», a lancé l’actrice au parterre de célébrités, elle qui accuse les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de viol sur mineure. Lors de sa prise de parole, elle a tenu à dénoncer un «trafic illicite de jeunes filles» dans le monde du cinéma.
Un coup d’épée dans l’eau ? Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été mitigées. Certains militants et internautes ont crié au «malaise», jugeant que la cérémonie avait continué son cours «comme si de rien n’était», relève le Parisien. Judith Godrèche, elle, se dit «très touchée» par le fait que les gens se soit levés après son discours. Et de préciser : «Je n’ai pas besoin qu’on me couvre de crème chantilly, qu’on me dise qu’on me comprend…»
«Incarner ma bataille»
«Ce que veut vraiment dire cette standing ovation, on le saura dans les jours qui viennent», veut croire la comédienne de 51 ans. «Si c’était un geste qui n’est pas ancré dans une conviction et un désir que les choses changent, alors il ne se passera rien», poursuit-elle, arguant qu’elle a écrit «ce discours pour qu’il fédère, qu’il suscite un changement».
L’actrice précise également ce qui l’a motivée à prendre la parole lors de ce grand raout du cinéma français : «C’était une décision mûrement réfléchie d’accepter de venir incarner ma bataille et ma parole dans ce lieu-là», affirme-t-elle, admettant avoir «beaucoup hésité». «Il fallait que j’aille au bout de ma démarche. Que je regarde ce milieu droit dans les yeux […] C’était symboliquement important.»
Judith Godrèche dévoile n’avoir reçu que quelques messages de soutien après les révélations sur les abus qu’elle a subi, dénonçant ainsi le «silence» qu’elle vit «au jour le jour». D’abord, celui des adultes de l’époque, du temps de son adolescence, «stupéfiant» selon elle. Mais aussi celui «du milieu du cinéma en général».
«Beaucoup de gens sont venus» lui parler après la cérémonie
Elle assure toutefois avoir trouvé un appui auprès de «jeunes actrices, de victimes et de l’ADA [l’Association des acteurices]», ainsi qu’auprès de Juliette Binoche, qui lui a apporté son soutien dans une interview à Gala jeudi. Et au cours du dîner qui a suivi la cérémonie, dit-elle, «beaucoup de gens sont venus» lui parler, comme Justine Triet, Virginie Efira, Mona Achache, Bérénice Bejo, Ariane Ascaride ou Thomas Cailley.
L’actrice atteste de l’indépendance de sa prise de parole, puisque son texte n’a pas été relu avant de monter sur la scène de l’Olympia vendredi soir. Une «condition» pour qu’elle accepte de faire ce discours.
Dans cette interview, Judith Godrèche tient également à dénoncer la présidence de Dominique Boutonnat au Centre National du Cinéma (CNC), mis en examen pour agression sexuelle. «C’est un symbole […] Comment peut-on instaurer une confiance pour que la parole se délie ? Comment peut-on organiser au CNC des formations contre les violences sexuelles et sexistes ?» interroge l’actrice.
Finalement, elle dit espérer «que des décisions importantes seront prises en ce qui concerne les dirigeants des institutions cinématographiques», avec de «vraies mesures pour que les actrices, acteurs, techniciennes, techniciens, puissent travailler en sécurité.» Et promet qu’elle ne «lâchera pas» malgré le «douloureux» sentiment de «trahir en quelque sorte la grande famille du cinéma». «Il y a une famille que je n’ai pas envie de trahir, c’est celle des anonymes qui, à travers ma parole, pensent qu’il y a peut-être une possibilité de raconter leur histoire», conclut la comédienne.
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