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Jacques Villeglé, affichiste et chroniqueur de la France contemporaine, est mort - Le Monde

Jacques Villeglé, le 3 septembre 2008, au Centre Georges-Pompidou, à Paris.

L’artiste Jacques Villeglé est mort, lundi 6 juin, à Paris, à l’âge de 96 ans, a annoncé mardi le Centre Pompidou. Son nom et son œuvre sont inséparables du mouvement du Nouveau Réalisme et de ceux de Raymond Hains (1926-2005), tous deux ayant été ensemble les inventeurs de l’affichisme, dont la matière première se trouve, comme ce nom l’indique, sur les murs des villes.

Né le 27 mars 1926 à Quimper sous le nom de Jacques Mahé de la Villeglé, plus tard abrégé en Villeglé, il s’inscrit en 1944 à l’école des beaux-arts de Rennes, où il rencontre bientôt Hains, son exact contemporain. En 1947, alors qu’il est désormais étudiant en architecture à Nantes, il travaille à Saint-Malo, où abondent les traces de la seconde guerre mondiale et du mur de l’Atlantique, dont il commence à collecter des débris. Ce sont les Fils d’acier-Chaussée des Corsaires, dont Hains a maintes fois dit qu’ils annonçaient le Nouveau Réalisme avec dix ans d’avance. Ce sont en effet des objets trouvés, des ready-made, donc, dans la mesure où l’intervention de l’artiste se borne à leur collecte et à leur mise en scène, selon les principes de Marcel Duchamp ; mais ils sont choisis pour leur puissance expressive, à l’inverse de l’indifférence revendiquée par Duchamp.

Affiches lacérées

Ayant renoncé à l’architecture en 1949, Villeglé vient s’installer à Paris, où Hains a déjà exposé ses photographies indéchiffrables prises avec un objectif de verre cannelé, l’hypnagogoscope, et où ils partagent un atelier jusqu’en 1954. Leur premier travail commun date de cette même année : Ach Alma Manetro, une frise d’affiches lacérées marouflées sur toile de 2,56 mètres de long. Les mots sont peu lisibles, leur superposition impénétrable et l’idée majeure de l’affichisme déjà présente : arracher aux murs et aux palissades des traces de toutes les actualités du moment, dégradées par la pluie ou les passants. L’intervention doit se limiter à l’arrachage et à la lacération, qui révèle les superpositions de papiers.

De ce moment jusqu’à ses dernières opérations de ce type, un demi-siècle plus tard, en 2001, Villeglé n’a pas transigé sur ces règles et a fait de cette méthode l’instrument d’une chronique de la France contemporaine. Dans ces prélèvements, qui ont pour titre la rue et la date de leur capture, se trouvent d’innombrables allusions politiques, de la guerre d’Algérie à Mai-68 et aux campagnes présidentielles ultérieures ; d’aussi nombreuses allusions aux publicités commerciales les plus variées, jusqu’à celles du « minitel rose » ; des motifs sociaux, comme le bal de l’Ecole polytechnique ; et des sujets artistiques, à partir d’affiches pour des expositions d’art ancien ou contemporain, dont le Nouveau Réalisme lui-même.

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