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À Rock en Seine, le triomphe d'Arctic Monkeys, géants du stade en majesté - Télérama.fr

Trois ans après la dernière édition du festival parisien, pandémie oblige, la tête d’affiche britannique de cette première soirée a livré une performance incandescente, soutenue par la ferveur d’un public de fans chauffés à blanc.

« The men don’t know but the little girls understand… » (« les hommes ne savent pas, mais les petites filles comprennent… »). Les mots de Jim Morrison résonnaient dans notre tête hier après-midi lors de la première journée de Rock en Seine. Trois ans après, pandémie oblige, la dernière édition avec The Cure, Major Lazer et Aphex Twin en têtes d’affiche, le rituel rendez-vous parisien marquait son grand retour avec une journée clairement sous le signe du « rock », parfois oublié, de son intitulé. Était programmée la fine fleur britannique du genre, avec les désormais quasi vétérans d’Arctic Monkeys et deux de leurs plus valeureux dauphins, Idles et Fontaines D.C. Sans oublier, pour ouvrir le bal, les épatants Yard Act, de Leeds, mariant aplomb et gouaille naturels, bonnes chansons et décibels. Leur pop-rap a le tranchant du Gang of Four, l’impertinence de The Fall et la fougue, tiens donc, des Arctic Monkeys des débuts, avec un chanteur à tête d’étudiant mais à la langue bien pendue, qui occupe parfaitement la scène sans tomber dans les clichés.

Une prestation presque à contre-courant, sous le soleil de Saint-Cloud, des artistes proposés à la même heure, de la jeune Américaine Gayle, trash mais pas trop, au gentil trublion Yungblud, de la mignonne Beabadoobee à Inhaler et son heroic rock appliqué (mené par le fils de Bono, CQFD). La foule, dominée par un contingent assez impressionnant de jeunes filles au look de punkettes bien élevées, était à la fête.

On préféra vérifier tout le bien que l’on pensait déjà de Requin Chagrin et son rock saillant au parfum 80’s, qui s’est assurément étoffé et a gagné, en deux ans, en présence scénique. Et placer des espoirs dans le quintet mixte irlandais NewDad, avec des chansons qui, là aussi, retenaient enfin l’attention.

Fontaines D.C., une puissance à couper le souffle

En soirée, les choses sérieuses pouvaient commencer. Avec l’entrée sur la grande scène des tonitruants Idles. Étonnant et plutôt touchant de voir la rapidité avec laquelle ce groupe, généreux mais peu consensuel, a atteint un tel statut. Mais son rock lourd, abrasif et sans fioritures, complète et souligne parfaitement le chant rugueux et hurlé de Joe Talbot. Si Idles a perdu un peu de l’effet explosif de ses performances en petites salles ou dans des cadres moins acquis à leur cause, ils ont su garder leur rage, leur passion et même un grain de folie (le guitariste en robe fait toujours le show, sur scène ou projeté au cœur du public).

Le défi de rester fidèle à sa ligne intransigeante face au gigantisme des festivals attendait aussi Fontaines D.C. Qui s’en est tiré avec la classe et le brio dont il fait preuve depuis ses débuts. Toujours lucides, Grian Chatten et ses acolytes ne sont pas tombés dans le piège du set fédérateur. Ils ont attaqué pied au plancher – alors que leur dernier et excellent album avait plutôt ralenti le tempo –, mais en évitant les morceaux faciles. Ce n’est que petit à petit que le groupe, emmené par un chanteur plus mobile au milieu d’un fascinant déluge électrique, a fini par dégainer ses cartouches fatales : Big, Jackie Down the Line ou Boys in the Better Land. Pour finir en apothéose sur le foudroyant I Love You, avec son rythme ralenti, sa mélodie à tomber et sa montée en puissance à couper le souffle.

Communion avec son public

Au vu du nombre massé pour applaudir le grand retour d’Arctic Monkeys, le triomphe était assuré. La question étant de savoir si le groupe, qui tient avec Alex Turner l’auteur le plus doué de sa génération et qui n’a jamais déçu sur disque, allait retomber dans le travers de ses derniers live, où un certain savoir-faire et une efficacité adaptés aux très grands espaces (américains surtout) leur avaient fait perdre un peu de leur furie débridée d’autrefois.

Arctic Monkeys à Rock en Seine, jeudi 25 août.

Arctic Monkeys à Rock en Seine, jeudi 25 août.

Photo Olivier Hoffschir

Plutôt que de suivre la pente d’un dernier album moins accessible, les Arctic Monkeys ont attaqué avec Do I Wanna Know ?, le titre d’ouverture d’AM, sans doute leur chef-d’œuvre à ce jour, et la partie était tout de suite gagnée. Cette fois il émanait du groupe, enrichi de deux claviers et d’un percussionniste, un plaisir palpable à retrouver enfin la scène et leur public, à la veille de la parution d’un nouvel album en octobre. Turner, avec son éternel physique de jeune premier aux faux airs de l’acteur Jake Gyllenhaal, et sa voix mélodieuse aux intonations si personnelles, était là, présent à 100 %, touché et stimulé par ces milliers de fans qui reprenaient en chœur chacun des titres enchaînés sans répit – un florilège puisant dans toute la discographie du groupe, la part du lion étant néanmoins réservée à AM. Et la nouvelle chanson proposée, I Ain’t Quite Where I Think I Am, n’a en rien fait baisser la ferveur de la foule. Ce morceau confirme l’orientation plus funk et soul annoncée pour un prochain album, qui devrait prolonger le chemin emprunté par les Monkeys, avec Tranquility Base Hotel & Casino, sur les traces de David Bowie. On serait alors du côté de Young Americans ou de Station to Station. Une évolution plutôt rassurante. Les Arctic Monkeys ont beau être devenus des géants des stades, ils n’ont pas fini de muer avec intelligence, et s’interdisent toujours de sombrer dans la facilité. La seule vraie bonne recette pour durer en majesté. Peut-être les jeunes performers de l’après-midi en tireront-ils une petite leçon.

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