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L’artiste franco-iranienne Marjane Satrapi et le Collectif 50/50 ont réuni dans un clip 48 hommes et femmes autour de « Barayé », cette chanson devenue l’hymne du soulèvement en Iran.
Faire entendre la voix du peuple iranien à travers celles de personnalités et de citoyens français. C’est l’idée derrière le clip vidéo réalisé par l’artiste franco-iranienne Marjane Satrapi et diffusé sur les réseaux sociaux ce mercredi 2 novembre.
Quelques notes mélodieuses résonnent. « Pour danser dans la rue. Pour la peur d’un baiser. Pour ma sœur, la tienne, la nôtre. » Sur fond noir, casque sur les oreilles, les actrices Chiara Mastroiani, Camille Cottin, la chanteuse Yael Naim, ou encore le réalisateur Olivier Loustau prêtent leur voix pour interpréter tour à tour, en persan, le titre « Barayé » (« Pour »). « Il n’y a rien de plus touchant que quand les gens essaient de parler dans ta propre langue », souligne l’autrice de la bande dessinée Persepolis, elle-même arrivée en France en 1994. Le musicien Benjamin Biolay signe l’arrangement musical du titre « Barayé », devenue l’hymne à la liberté de tout un peuple.
Depuis le début du soulèvement en Iran, le 16 septembre, avec la mort de la jeune Mahsa Amini après son arrestation par la police des mœurs pour un port du voile jugé non conforme, cette chanson est devenue le cri de ralliement de tous les Iraniens qui manifestent. On l’a vue, dans des vidéos, entonnée par des lycéennes en sit-in dans leur établissement, reprise par des Iraniennes cheveux nus, on l’a entendue résonner dans les rues des villes d’Iran et bien sûr rythmer tous les rassemblements de soutien au peuple iranien à travers le monde.
« Un message du peuple français au peuple iranien »
« C’est un message du peuple français au peuple iranien », résume Marjane Satrapi, alors que selon les derniers bilans des ONG, la répression a déjà fait près de 300 morts et que des milliers de personnes ont été arrêtées. L’autrice et réalisatrice franco-Iranienne réfute la maternité du projet. Autour d’elle, l’autrice et metteuse en scène Aïla Navidi et le Collectif 50/50, qui œuvrent pour la parité et la diversité au cinéma, ont uni leurs forces pour faire écho à la voix des Iraniens par-delà les frontières et les murs de la dictature. « On a été bouleversés par un mouvement, à l’origine initié par des femmes, puis rallié par des hommes, et par le fait que la jeunesse de tout un pays, qui n’a connu que la dictature, manifeste pour sa liberté », explique Clémentine Charlemaine, co-présidente du collectif, qui rappelle par ailleurs que beaucoup d’artistes, comme le cinéaste Jafar Panahi, sont emprisonnés en Iran.
À la fin du clip, les visages et les voix, sur lesquels se superposent parfois des images du film Persepolis, forment une mosaïque toujours plus grande. « On peut toujours dire : à quoi ça sert ce genre d’action ? Devance l’artiste. Mais les Iraniens avec lesquels je suis en contact me disent que quand ils reçoivent des signes de soutien de l’extérieur, ils se sentent plus forts, protégés. Ils ne veulent pas une intervention, militaire ou autre. Eux, ce qu’ils veulent, c’est sentir que le monde les écoute, qu’ils sont entendus, parce que c’est ça aussi qui leur donne le courage, demain, dans une semaine, dans deux semaines, de sortir dans la rue au péril de leur vie pour demander un changement. Il n’y a rien de pire que l’indifférence en réalité : donc, quoi qu’on fasse, n’importe quel message qu’on envoie, c’est positif et ça peut apporter un soutien. »
Comme ce clip, «Barayé» est en quelque sorte une œuvre collective : c’est en agrégeant les tweets résumant les raisons de la colère des Iraniens sous le hashtag #Mahsa_Amini que Shervin Hajipur a écrit cette chanson. Quelques heures après sa diffusion sur Instagram le 27 septembre, la vidéo totalisait 40 millions de vues. Arrêté puis libéré quelques jours plus tard, le jeune homme est depuis réduit au silence et la vidéo a été supprimée de son compte.
« Il y a tout dans cette chanson », souligne Marjane Satrapi. « Les 43 ans d’humiliation, de répression, de pauvreté même… » Jusqu’à ces allusions à l’interdiction d’avoir un chien ou à ces guépards locaux en voie de disparition et dont les défenseurs sont pourtant poursuivis. « Des absurdités pour le monde occidental », cingle-t-elle.
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