L’un des films les plus marquants de la compétition à Locarno (Suisse), en 2023, arrive en salle. Animal, second long-métrage et fiction de la réalisatrice grecque Sofia Exarchou (Park, 2016), met le spectateur en coulisses, lui donnant accès au quotidien des animateurs d’un club de vacances all inclusive, sur une île grecque. Du matin au soir, de la piscine à la salle de spectacle, c’est un show permanent de jeux, de chansons, de chorégraphies…
C’est la fièvre du samedi soir tous les soirs. Et la reine de la cérémonie, bien qu’un peu au bout du rouleau, se nomme Kalia, brindille tout en muscle, reine du déhanché sur la piste avec son postiche de cheveux blonds. Cette showgirl de 35 ans est tout à la fois au sommet de son « art » et sur le point de craquer, physiquement et nerveusement – la performance vertigineuse et mélancolique de Dimitra Vlagopoulou, comédienne et danseuse contemporaine, lui a valu un prix d’interprétation à Locarno.
La réalisatrice réussit à nous attacher à cette femme, confrontée au vertige de son existence, tout en la reliant constamment au reste de la bande – un grand gaillard blond joueur et bagarreur, un garçon délicat qui fait le crooner, etc. Car c’est du groupe que naissent l’énergie, l’autodérision, les fous rires, pendant les répétitions ou après les shows… Fan de Cassavetes, Sofia Exarchou capte autant le corps en mouvement que ces moments suspendus de crise, de lâcher-prise, sans chercher à raconter une histoire bien ordonnancée.
Servitude volontaire
Trois héroïnes, d’âges différents, jalonnent toutefois le récit. Outre Kalia, il y a Eva (Flomaria Papadaki), 17 ans, beau regard brumeux, qui démarre dans le métier et semble trouver un refuge dans cette vie débridée. Il y a aussi Mary (Danai Petropoulea), une fillette de 7 ans qui suit son papa, animateur, et rôde autour de la scène. Mais peut-être ces trois héroïnes ne font-elles qu’une, et donnent à voir trois moments de la vie de Kalia. Le film ne tranche pas, ouvre des pistes, élargit les horizons des personnages.
Des vacanciers, venus pour la plupart des pays de l’Est, on n’entrevoit que les mines réjouies en arrière-plan. Le film tire sa force politique de ce décentrage, laissant les touristes quasiment hors champ, pour se concentrer uniquement sur les animateurs. Sofia Exarchou filme avant tout le travail comme une forme de servitude volontaire, chacun et chacune connaissant les « règles » de ce job peu rémunéré, qui ne laisse pas de place à l’erreur. Le spectacle doit être efficace, le sourire permanent. Tout est au rabais, le prix du séjour, les costumes, mais cet univers de faux-semblants réussit parfois à faire surgir le merveilleux, comme lors de ce spectacle futuriste, évocateur de Paco Rabanne, en tenues argentées, rehaussées de pastilles miroir autocollantes.
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