10. "Taylor Swift" (2006)
En 2006, le public américain fait la connaissance d'une certaine Taylor Swift, 17 ans seulement. Avec ses boucles d'or et son visage d'ange, la jeune chanteuse - comme tout droit sortie de l'écurie Disney - s'impose comme la nouvelle révélation de la country, genre souvent incarné par des figures masculines. Avec des mots simples, elle écrit sur ses expériences et sentiments adolescents (crush, solitude, rupture, peur de l'avenir...) et sort les banjos, les mandolines et sa guitare acoustique. Afin de se faire une place dans les médias et le coeur du public, la sensation fait une référence directe à Tim McGraw, illustre chanteur country américain, sur son premier single romantique, riche de clins d'oeil. Si les auditeurs étrangers peuvent avoir du mal à accrocher à ce projet très country et forcément très teen, on découvre pourtant déjà les prémices du don d'autrice (elle signe trois titres seule) et de compositrice de Taylor Swift, et une interprétation certes théâtrale mais habitée. Quelques rares tubes évidents ("Should've Said No", "Teardrops on My Guitar") se glissent dans cette carte de visite, enregistrée à Nashville et accompagnée constamment de la voix du producteur Nathan Chapman sur les choeurs, mais le projet reste destiné à un public jeune et demeure très classique, ne parvenant pas - de surcroît - à passer l'épreuve du temps. Next !
A écouter d'urgence : les surprises "Tied Together with a Smile" et "A Perfectly Good Heart"
A zapper : "Picture to Burn", irritante
9. "Reputation" (2017)
Depuis ses premiers pas candides dans l'industrie, Taylor Swift a été objectivée et observée à la loupe, chaque fait et geste de sa vie personnelle ayant été décortiquée par les tabloïds. Quand son nouveau clash avec Kanye West et Kim Kardashian a défrayé la chronique, la star a vu rouge, orchestrant son plus tonitruant comeback avec "Look What You Made Me Do" - le point de départ de la "dark era" de "Reputation", pensée comme une féroce réponse à ses ennemis et aux médias. Un propos appuyé de manière peu subtile par les arrangements électro-trap vrombissants, pour ne pas dire bruyants (Hans Zimmer, es-tu là ?), qui traversent le disque, finalement prisonnier de son propre concept. « I swear I don't love the drama, it loves me » promet Taytay dans "End Game" avec Ed Sheeran et Future, comme un aveu. Au lieu de se réapproprier sa propre narration et d'en faire un commentaire intéressant sur le traitement réservé par notre société aux stars féminines, elle y succombe hélas, tournant en rond sur un sujet qu'elle ne dépasse jamais vraiment sur "I Did Something Bad" ou "This Is Why We Can't Have Nice Things". Le reste de l'album, plus cru, plus sexuel aussi ("...Ready for It?", "So It Goes..."), ne passionne pas davantage, à l'exception de quelques éclats. Dommage !
A écouter d'urgence : "Getaway Car", la Taylor Swift qu'on aime
A zapper : "Gorgeous" et son texte affligeant de nullité
8. "Evermore" (2020)
Battre le fer tant qu'il est chaud. En décembre 2020, Taylor Swift nous rejoue le coup de la sortie surprise, six mois après la claque "Folklore". De sa tracklist aux premiers visuels, "Evermore" s'affirme comme sa suite logique, ce qui n'est pas pour nous déplaire tant le précédent disque nous avait charmé. Mais à l'écoute de "Evermore", le bas blesse. Plus qu'une suite logique de "Folklore", on a plutôt l'impression d'entendre ses rebuts. Aucun titre n'a véritablement la grâce, la justesse ni même la délicatesse des "This Is Me Trying", "My Tears Ricochet" ou "Epiphany" du prédécesseur. Elle nous ressort la carte du duo avec Bon Iver sur le morceau-titre "Evermore", à mille lieux de "Exile", et s'accompagne également des groupes The National et HAIM sur des pistes qu'on aurait aimé un peu plus inspirées. De cette seconde livraison folk, on ne retient seulement que quelques morceaux convaincants comme le duo "Champagne Problems" / "Gold Rush", ou encore "Happiness" et "Dorothea". Mais cela ne suffit pas à reproduire le même effet que "Folklore" et sonne parfois comme une façon pour Taylor Swift de surfer sur le succès. Un coup d'épée dans l'eau en somme.
A écouter d'urgence : "Gold Rush", qui se démarque sans problème de l'ensemble
A zapper : "Willow", lead single peu inspiré et répétitif
7. "Fearless" (2008)
Après un premier album oubliable, Taylor Swift se révèle véritablement sur "Fearless". Avec de grandes ambitions, en témoigne une version internationale du disque pour espérer dépasser les frontières américaines, l'artiste country catalyse sur ce projet les rêves d'une jeune femme, qui aspire à rencontrer le prince charmant avec "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" comme point d'orgue. Armée de sa guitare et d'un véritable sens de la mélodie pop, Taytay a grandit et pris de l'assurance. Pour preuve, elle co-écrit la moitié de l'album seule et fait évoluer son univers avec cette touche mainstream qui va lui faire côtoyer les sommets. Malgré tout, il faut reconnaitre que les paroles sont à l'eau de rose et n'évitent pas les clichés ("White Horse", "SuperStar"), sauf que Taylor maitrise mieux ses mots et ses formules, et sait les faire sonner sur des mélodies bien construites. Décrochant ses deux premiers tubes d'envergure avec "Love Story" et "You Belong With Me", ainsi que ses premiers Grammy Awards (dont l'Album de l'année !), la chanteuse allie la pop et la country comme l'ont fait avant elle des artistes comme Shania Twain ou Faith Hill, participant à briser les barrières comme les records, tout en incarnant le rôle de la petite fiancée de l'Amérique. Mais ça ne suffit pas, car le projet traîne en longueur (19 titres sur la Platinum Edition) et sa capacité à faire des étincelles se dilue à mesure que les chansons appliquent la même recette sans se réinventer. Dommage !
A écouter d'urgence : "Love Story" et "You Belong With Me", quels tubes !
A zapper : "Come In The Rain", "SuperStar", "Stephen"
6. "Lover" (2019)
De l'avis même des Swifties les plus dévoués, "Lover" a connu une exploitation des plus calamiteuses. Aussi niais qu'irritant, "ME!" avec Brendon Urie est sans l'ombre d'un doute le pire lead single de sa carrière et "You Need To Calm Down" vaut seulement le détour pour son clip all-star et queer qui scelle sa réconciliation avec Katy Perry. Pourtant, en grattant un peu la surface, "Lover" a bien plus de valeur qu'on le soupçonnerait. Déjà, ce disque prenant le contrepied de la noirceur de "Reputation" avec ses visuels pastel colorés, renferme ce qui est aujourd'hui le plus gros succès de Taylor Swift : "Cruel Summer", qui vient de franchir le cap des 2 milliards de streams après avoir connu une résurgence inattendue grâce à TikTok l'été dernier. La pandémie de Covid-19 aurait à l'époque empêché la popstar d'exploiter ce tube évident... De plus, si ce septième opus (le premier dont elle détient entièrement les droits !), marche sur un certain déséquilibre avec des pistes pop franchement moyennes ("I Forgot That You Existed", "Miss Americana"...) très loin du glorieux "1989", sa dimension acoustique par fulgurances s'avère splendide. On pourrait sûrement placer la chanson-titre "Lover" sur le podium de ses meilleures chansons ever, et "Death By A Thousand Cuts" ou "Soon You'lle Get Better"' avec The Chicks sonnent presque comme un avant-goût du formidable virage folk à venir...
A écouter d'urgence : "Lover", une merveille
A zapper : "ME!", aucune justification nécessaire
5. "Midnights" (2022)
Minuit, l'heure du crime ? Plutôt l'heure de Taylor ! Après le délicat diptyque "Folklore" et "Evermore", Taylor Swift retrouve l'esprit pop de ses best-sellers, toujours accompagné de son fidèle producteur Jack Antonoff. A quatre mains, ils donnent naissance à "Midnights", un album pop qui, sans être le sommet discographique de Taylor Swift, contient son lot de petits tubes pop imparables à écouter par une chaude nuit d'été. Que ce soit la puissante introduction "Lavender Haze", les évidents tubes "Karma" ou "Anti-Hero", les entêtants "Bejeweled" ou "Sweet Nothing", la popstar vise juste avec ce disque à la fois nocturne et lumineux, où elle évoque autant ses insécurités que sa romance avec Joe Alwyn, alors sur le point de prendre fin. Ainsi, le public y trouve son compte et "Midnights" bat d'innombrables records de ventes et de classements, permettant à la superstar d'obtenir un succès encore plus énorme, amplifié par la tournée à records "The Eras Tour". Si on passera plus rapidement sur les titres anecdotiques de la version deluxe, on notera une micro déception : l'apparition plus figurative qu'autre chose de Lana Del Rey sur le superbe "Snow at the Beach". Tant et si bien qu'elle ressortira une version avec "plus de Lana". Sacrée Taylor !
A écouter d'urgence : l'excellent "Karma", apothéose en fin de disque !
A zapper : "Vigilante Shit", plus faible
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4. "Speak Now" (2010)
The Emancipation of Taytay. Pour son troisième album "Speak Now", forte du succès colossal de "Fearless" et ses nombreux records, Taylor Swift décide de s'impliquer plus que jamais. Si elle co-produit encore ce disque avec son collaborateur de toujours Nathan Chapman, la jeune star compose et écrit tous ses titres seule durant sa tournée marathon, sans aucune aide. Une première ! Il faut dire que ça colle parfaitement à la femme et l'artiste qu'elle est alors, Taylor Swift délaissant ici le côté conte de fées pour miser sur une introspection. Plus mature, "Speak Now" est l'occasion pour elle de dire ce qu'elle a sur le coeur, et c'est très dans des textes plus incisifs et directs, dont le naïf "Mean" (où elle règle ses comptes avec les critiques), le plus rock "Better than Revenge" (« She's better known for the things that she does on the mattress ») ou "Dear John" (adressée à son ex John Mayer), comme dans ses productions plus assumées à l'image du puissant "Haunted". Mais pas de panique, la rébellion de la star se fait tout de même en douceur, et Taylor Swift reste romantique à souhait et parfois bien trop sage, à l'image du premier single "Mine". Alignant les ballades un peu tièdes malgré quelques belles fulgurances ("Last Kiss", "Enchanted" ou "Back to December"), elle garde cependant un pied dans la machine à tubes que fut "Fearless" avec ses sonorités pop-country sur "The Story of Us". Un peu le cul entre deux chaises, l'album est primordial dans l'évolution de Taylor Swift, contenant quelques titres importants de son répertoire, et marque une première pierre de la superstar qu'elle deviendra.
A écouter d'urgence : "Back to December" et "The Story of Us", aux antipodes
A zapper : "Mine" et "Never Grow Up", ZzZzZzzzzzZZZzz
3. "Red" (2012)
Si la transition de la chanteuse country à la popstar qui dominera bientôt le monde s'est définitivement faite avec la poule aux oeufs d'or "1989", Taylor Swift disséminait déjà de nombreux indices deux ans plus tôt sur "Red". Ce quatrième album est la symbiose parfaite entre ces genres musicaux très populaires aux Etats-Unis, comme en témoignent les excellents "22", "We Are Never Ever Getting Back Together" (indémodable !) ou "Holy Ground", où l'on oscille et sautille entre guitares et synthés. C'est aussi le disque où Taylor Swift affûte au mieux ses talents d'écriture, faisant preuve d'une maturité certaine, moins naïve et adulescente, sur "State of Grace", "The Moment I Knew" et sa vraie anecdote triste sur Jake Gyllenhaal, et bien sûr "All Too Well", chef d'oeuvre ultime dont la version d'une durée de 10 minutes est longtemps restée une chimère jusqu'à la sortie tant attendue de "Red (Taylor's Version)" fin 2021. En outre, "Red" s'offre deux des plus beaux duos de son répertoire : "The Last Time" avec Gary Lightbody du groupe Snow Patrol, d'une beauté crescendo, et "Everything Has Changed" avec un certain... Ed Sheeran, qui scelle leur amitié durant quatre minutes de tendre complicité. Un album coup de coeur !
A écouter d'urgence : "All Too Well (10 Minute Version)" et "We Are Never Ever Getting Back Together", deux incontournables
A zapper : "Starlight" et "The Lucky One", pas très passionnants...
2. "Folklore" (2020)
Jeudi 23 juillet 2020. Alors que le monde se remet du premier confinement, Taylor Swift annonce par surprise la sortie de son nouvel album.. pour le lendemain ! Au vu de la pochette et à l'écoute des premières notes, le constat est clair : la star troque la pop colorée et over-sucrée de "Lover" pour la folk automnale sépia de "Folklore". Et signe, l'air de rien, l'un de ses albums les plus aboutis. Car avec "Folklore", c'est la Taylor Swift "songwriter" qui est davantage mise en avant, ses textes poétiques sur les relations qui débutent ou se terminent (mal) prenant forme sur de délicates mais magnifiques mélodies venant amorcer l'arrivée de l'automne. "This Is Me Trying", "Mirrorball", "My Tears Ricochet" ou "August" sont autant de somptueuses chansons où la popstar inaccessible ouvre son coeur comme jamais. Quant au milieu surgit ce qui est désormais l'une des plus belles chansons de son répertoire : "Exile", déchirant dialogue de rupture sur base d'incompréhension entre Taylor Swift et Bon Iver. Le public est au rendez-vous, tout comme la presse saluant ce disque qui repart avec le Grammy Award de l'Album de l'année. En plus d'être un grand disque, "Folklore" aura également eu un effet plus que positif sur la carrière de Taylor Swift, lui permettant de s'offrir une crédibilité plus "indé" (Aaron Dessner de The National à la production, Bon Iver...), qui va s'entériner au fil des projets. Inoubliable.
A écouter d'urgence : "Exile" qui vous tirera quelques larmes
A zapper : "Mad Woman", moins marquante malgré son texte fort
1. "1989" (2014)
Sa première place pourrait sembler facile, elle est au contraire parfaitement logique. Oui "1989", l'album le plus vendu de la carrière de Taylor Swift, est aussi son meilleur. 10 ans après sa sortie, le disque est toujours aussi visionnaire et efficace, contenant son lot de tubes entrés dans la postérité. A ce titre, la première partie de l'album est véritablement vertigineuse : l'ouverture "Welcome To New York" met directement dans l'ambiance, avant que ne s'enchaînent les mastodontes "Blank Space", "Style" (vraiment un de ses meilleurs hits !), "Out of the Woods", "Shake It Off", "Wildest Dreams" ou "Bad Blood". Rares sont les albums qui ont rassemblé autant de tubes ces dernières années. Et même les titres moins populaires, comme "I Wish You Would", "All You Had To Do Was Stay", "I Know Places" ou le sous-estimé "New Romantics", apparaissent tous comme des petites pépites. "1989" aura donc permis à Taylor Swift d'entériner son statut de véritable icône, devenant ainsi "la plus grande popstar depuis les Beatles". Une fois n'est pas coutume, la "Taylor's Version" sortie il y a quelques mois, qui a battu de nombreux records, lui a permis de signer un nouveau succès avec le génial "Is It Over Now ?". Un classique de la pop, on vous dit !
A écouter d'urgence : "Style", on ne s'en lasse pas !
A zapper : "Bad Blood", pas le meilleur des ses tubes...
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