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Denis Lavant, acteur fétiche de Leos Carax : « Notre relation passe beaucoup par le silence » - Le Monde

Denis Lavant, lors du Festival de Cannes, le 18 mai 2024.

Prodigieux acteur, venu de l’école du cirque et de la commedia dell’arte, Denis Lavant est devenu au cinéma l’alter ego de Leos Carax à l’écran, la géniale inquiétude du second se voyant ainsi augmentée par l’expressivité bouleversante et la corporéité explosive du premier. Inaugurée en 1984 avec Boy Meets Girl, l’association se poursuit sur Mauvais sang (1986), Les Amants du Pont-Neuf (1991), Merde (2008), Holy Motors (2012) et, enfin, C’est pas moi.

Il semblerait que Leos Carax ne donne pas d’entretien sur ce film, pourtant très personnel…

Non, en effet, j’ai l’impression que c’est moi qui fais tout…

N’y a-t-il pas une sorte d’ironie à ce que l’alter ego que vous êtes à l’écran le devienne à présent dans la vie réelle ?

N’exagérons rien, je me garderai bien de parler en son nom. Je comprends sa rétention. Il est devenu rare aujourd’hui de vouloir s’exprimer uniquement à travers ses œuvres, sans vouloir en rajouter. J’ai d’ailleurs des souvenirs saisissants de Leos, plus jeune, dans cet exercice qu’il n’affectionne pas. Notamment une conférence de presse à Berlin, où les journalistes s’acharnaient à lui faire préciser les références de Mauvais sang. Il a fini par répondre qu’il n’aimait pas le mot « référence » parce qu’il lui faisait penser à « révérence » avec un accent nazi. Je me demande si ce n’était pas pire.

Pourriez-vous évoquer les circonstances, aujourd’hui lointaines, de votre rencontre ?

C’est simple et banal. J’étais en première année de Conservatoire chez Jacques Lassalle, et il m’aurait repéré, selon la légende, sur un fichier de l’ANPE [devenue Pôle Emploi puis France Travail] d’après ma photographie. Je l’ai rencontré chez lui, il m’a donné le scénario de Boy Meets Girl, et voilà.

Votre longue collaboration a-t-elle induit un lien électif, voire amical, entre vous ?

Il n’y a pas d’amitié à proprement parler. C’est une relation très étrange, non poreuse, qui tient sur la connivence et l’intensité du travail. Elle est faite de peu de mots. Ça passe beaucoup par le silence. Chaque film génère son cahier des charges, dans l’ordre de l’intensité et de la posture plutôt que de la psychologie. Le point limite, ç’a évidemment été Les Amants du Pont-Neuf, où on a frôlé le naufrage, mais dont on est sortis indemnes. Cette relation s’est renouvelée plus tard avec la création du personnage de Monsieur Merde, où on a commencé à travailler sur le postiche, le pur artifice. Je crois que c’est le fait d’avoir joué tous les deux dans Mister Lonely [2007], d’Harmony Korine, où il jouait l’agent de Michael Jackson et moi Charlie Chaplin, qui lui en a donné l’idée.

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