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« Je suis confiant sur la faculté de rebond de notre économie » - Toute l'actualité de l'économie en Guyane - FranceGuyane.fr

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Plan de relance, gestion de l'après-covid, insécurité, incendies à l'hôpital de Cayenne et à la préfecture... Le préfet Marc del Grande répond aux questions de France-Guyane.

• CRISE COVID

Le préfet Patrice Latron est reparti. Vous redevenez seul maitre à bord sur la gestion de crise sanitaire. Le pire est derrière nous ?
 

"Les épidémiologistes l’ont dit, nous avons connu le pic début juillet. Cela fait désormais quatre semaines que l’épidémie baisse. Elle ne baisse pas au même niveau partout sur le territoire. À L’Est, le virus circule très peu; la baisse s’accentue sur l’île de Cayenne et Kourou; la baisse est plus récente sur le littoral Ouest; et sur le Haut-Maroni, nous sommes sur un plateau. Pour passer le pic, il était nécéssaire d’avoir des renforts. Il fallait une articulation plus précise avec Paris. Le directeur de crise a joué ce rôle. Sa contribution a été saluée et appréciée, y compris pour dégager du temps et traiter d’autres sujets. Car la gestion de la crise covid en Guyane est un dossier quasiment unique qui prend beaucoup de temps. Mais en réalité je n’ai jamais perdu le lien avec la gestion de la crise."
Les mesures de freinage s’assouplissent à nouveau ce samedi (lire ici). On constate qu’à Saint-Laurent le couvre-feu est repoussé à 20h00 au lieu de 17h. Pour les communes du Haut-Maroni, le couvre-feu reste à 17h ?
 
"Oui puisque ces communes sont reliées par le fleuve. On adapte les mesures de freinage à la progression de l’épidémie. Et comme cette progression n’est pas homogène, il est nécéssaire d’ajuster ces mesures au plus près. Ce sont les mesures collectives que l’on ajuste, pas les mesures individuelles. Plus nous allons desserrer les mesures collectives, plus nous devrons être rigoureux sur les mesures individuelles : port du masque, lavage des mains, protection des personnes vulnérables… "

Ne craignez-vous pas de voir ressurgir les mêmes scènes d’insouciance comme après le déconfinement en mai dernier ?
 

"On peut toujours le craindre, mais nous n’allons pas vivre sous un couvre-feu permanent. Nous devrons refaire fonctionner nos établissements scolaires, notre vie économique, et ce malgré une circulation du virus qui sera peut-être faible mais qui existera toujours. On doit se faire confiance. Nos marchés sont bien tenus, comme nos grandes surfaces, les commerces, les terrasses… Par ailleurs, dès mardi, nous revenons à sept escadrons de gendarmerie mobile. Ce qui permettra aux forces de l’ordre de jouer un rôle très actif dans la pédagogie et éventuellement l’action coercitive."

Ce n’est pas votre domaine de compétences mais il est question de phaser la rentrée scolaire. Que souhaitez-vous dire aux parents d’élèves inquiets ?
 

"Cette rentrée se fera. Nous adapterons les conditions de la rentrée à l’épidémie, territoire par territoire. C’est pourquoi nous ne voulons pas communiquer trop tôt. Nous fixerons les paramètres de la rentrée la semaine qui suit le 15 août. Dès que possible nous communiquerons le plan de bataille."

• ECONOMIE

Vous venez de rencontrer les socio-professionnels. Sont-ils prêts à affronter la crise qui s’annonce ?
 

"L’économie guyanaise, comme toutes les régions de France, a été fortement aidée par l’État. Chômage partiel, fond de solidarité qui va être doublé, prêt garanti par l ‘État, exonération ou report des charges sociales et fiscales… Tout cela va perdurer jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire, qui est prévue le 30 octobre chez nous. Au fur et à mesure, l’économie réelle va prendre le relais. Un certain nombre de secteurs continue d’ailleurs à fonctionner le plus normalement possible. Ces secteurs, notamment le BTP, vont nous aider à relancer l’économie. Nous avons également des crédits venant de la dotation de soutien à l’investissement local qui sont arrivés : 5 millions € en plus déjà opérationnels. Ensuite, il y aura le plan de relance national, adossé au plan de relance européen, qui sera annoncé en conseil des ministres le 25 août prochain. L’enjeu est que cette relance soit la plus rapide possible. Car la rapidité est le facteur numéro un de la victoire. Je suis confiant sur la faculté de rebond de notre économie. Elle a plutôt bien résisté à la crise jusqu’au mois de juin. Le tiers facteur de l’économie c’est la confiance. Sans doute le moral collectif a un peu baissé au mois de juin car on ne voyait pas de perspectives de sortie. Désormais, nous entrevoyons la sortie de la crise épidémique et l’économie pourra rebondir."

Quelles seront les grandes lignes de ce plan de relance au niveau local ?
 

"L’idée est de soutenir la création d’infrastructures publiques, dont nous avons besoin. Ce sont les écoles, le commissariat de Cayenne, la portion Balata-Progt ou encore le pont du Larivot. Ce plan sera aussi fondé sur le soutien aux filières qui créent de la valeur ajoutée. Notamment l’agriculture, la pêche et le tourisme. Le plan de relance Guyane sera un avenant au contrat de convergence et de transition qui a été signé au mois de juillet par le Premier ministre et Rodolphe Alexandre. Cet avenant devrait être signé au mois de novembre par le président de la CTG et le ministre des Outremers Sebastien Lecornu. Il sera aussi adossé à des fonds européens. Pour la période 2021-2027, c’est une augmentation de 18% et de 91 millions €. Ce qui permettra à la CTG d’avoir un levier important pour la mise à niveau d’un certain nombre d’infrastructures."

• ROUTE MARIPASOULA/PAPAÏCHTON

Vous partez ce samedi à Maripasoula avec Rodolphe Alexandre pour le lancement du chantier de la route jusqu’à Papaichton attendue depuis au moins dix ans. Qu’est ce qui a débloqué le dossier ?
 

"C’est une volonté politique forte qui s’est transformé en réalité, avec 20 millions € de crédit de l’État complétés par la CTG et des fonds européens. Les marchés ont très vite été lancés. Les premiers travaux de défrichage ont débuté le 20 juillet dernier. Dans le plan de relance, nous mettrons les crédits d’études pour la route du fleuve, qui ira jusqu’à Apatou."
Lors de sa visite en octobre 2017, Emmanuel Macron répondait sur le sujet qu’il n’était « pas le Père Noël » (lire ici). Qu’est ce qui a changé ?
 
"Depuis 2017, les dossiers ont avancé et c’était simplement le bon moment. Il était nécéssaire de transformer cette piste en route. C’est un bassin de vie de 35 000 habitants. Les travaux du lycée vont débuter. Dans la lettre de mission sur la consolidation et la structuration de l’offre de soins, qui vient d’être signée par les ministres, Maripasoula se situe en bonne place. Il faudra que nous soyons au niveau. Également dans le domaine des infrastructures du traitement des ordures ménagères, avec le centre de traitement du pk6… Cette route est indispensable. Elle permet de désenclaver ce bassin de vie. C’est sans doute l’élément déclencheur. L’ancienne ministre des Outremers Annick Girardin l’a annoncé en décembre 2019, les travaux débutent six mois plus tard, malgré le Covid."

Les entreprises retenues pour ce chantier préviennent qu’il posera certainement un problème de continuité des chantiers sur le littoral, car leur matériel sera mobilisé à Maripasoula…
 

"Je n’ai pas ces retours. Il ne faut pas opposer les territoires. Nous avons une capacité à faire progresser tous les territoires en même temps. On ne peut pas se concentrer sur l’île de Cayenne en pensant que le Maroni serait quantité négligeable. Tous les territoires de la Guyane doivent progresser. En tout cas c’est la volonté de l’État et des élus."

• POLITIQUE

Les élections municipales vont se rejouer dans sept communes guyanaises. À quelles dates ?
 

"Avant les municipales, il y aura les élections sénatoriales qui auront lieu le 27 septembre. Les conseils municipaux pour l’élection des délégués qui éliront ces sénateurs sont convoqués le 21 août, avec possibilité de report au 25 si jamais il n’y a pas de quorum. Les dépôts de candidatures pour les sénatoriales se font de 2 au 7 septembre. Le mois d’octobre verra le report des sept élections municipales. Le décret est en cours de préparation et sera présenté au conseil des ministres le 25 août. Le premier tour des municipales devrait avoir lieu le 18 octobre et le second le 25 octobre."
Plusieurs communes ne sont pas parvenues à voter leur budget primitif avant la date du 31 juillet (lire ici). Vous devez donc saisir la chambre régionale des comptes qui imposera un budget à la commune selon ses capacités financières. Quels problèmes cela posent-ils pour des communes comme Papaïchton ?
 
"J’ai déjà saisi la chambre régionale des comptes sur Papaïchton. J’attends le retour et prendrai ensuite un arrêté préfectoral de règlement du budget. Le fait que des budgets ne soient pas votés par des conseils municipaux arrive assez régulièrement, même si ce n’est jamais idéal."

• SÉCURITÉ

À Saint-Georges, une pirogue clandestine a foncé sur un navire de la Police aux frontières (Paf). Cette dernière dénonce un manque de moyens et de ressources et fait face à « une montée en puissance de ces piroguier clandestins » (lire ici). Que peut-on faire ?
 
"Depuis la crise Covid, les frontières avec le Brésil et le Suriname n’ont jamais été aussi étanches. Cette interruption des flux a des conséquences et changent les habitudes. Ce n’est pas la première fois que nous avons des tentatives de passage en force. Il y a deux réponses à cela : d’abord un renforcement des moyens sur le fleuve. À partir d’aujourd’hui, les gendarmes mobiles se substituent aux forces armées pour appuyer la Paf dans la garde de la frontière. Un moyen nautique de la direction générale des territoires et de la mer arrive également demain pour renforcer le dispositif. La réponse n’est pas que sécuritaire : nous allons aussi discuter avec nos collègues brésiliens et surinamais pour envisager, le moment venu, une reprise des mouvements transfrontaliers. L’idée est qu’après la crise Covid, les frontières ne ressemblent pas à ce qu’elles étaient avant la crise Covid. Qu’elles soient mieux organisées, mieux contrôlées. Que les échanges de marchandises ne permettent plus d’importations illégales. Nous avons vu que la fermetures des frontières a permis de doper la commande de nos propres productions agricoles. C’est une tendance qui doit se poursuivre."
« Les conditions sanitaires au Brésil nécessitent un maintien de la fermeture de la frontière », préconisait le préfet Patrice Latron avant son départ (lire ici). Avec la rentrée scolaire de septembre, on sait que des centaines de personnes vont rentrer en Guyane via le Suriname et le Brésil. Comment contrôler cet afflux ?
 
"En fonction des conditions de l’épidémie au Brésil et au Suriname nous prendrons les mesures nécessaires pour protéger la Guyane."
Mercredi dernier, plusieurs départs de feux «suspects » selon la police ont été déclarés au service réanimation du Centre Hospitalier de Cayenne (lire ici). Une enquête est en cours. Ce fait divers vous choque t il ?
 
"Évidemment. Tout incendie volontaire me choque. J’imagine que ça choque l’ensemble des Guyanais. Je suis sur que la justice passera et que l’enquête aboutira."
Concernant le départ de feu survenu devant la préfecture le mardi 21 juillet (lire ici). Comment avez-vous vécu cette situation ?
 
"Ce n’est jamais agréable de devoir se battre contre un incendie sur son lieu de travail. Je n’ai pas voulu rentrer dans une escalade avec les manifestants. Mais ce qui est valable pour l’hôpital est valable pour la préfecture. Une enquête est ouverte. J’ai déposé plainte. Je souhaite que la lumière soit faite sur toutes les circonstances et que les auteurs soient interpellés."

Comprenez vous ce dérapage dans un contexte de panique et de colère lié à la crise sanitaire ?
 

"J’ai évoqué ce point avec les représentants du collectif, qui ne souhaitaient pas ce départ de feu. Ça ne l’excuse pas. C’est absolument inadmissible. Mais le représentant de l’État que je suis doit parfois aller au-delà de la réaction spontanée pour faire avancer le dialogue. C’est ce qui a été fait ce jour-là. Nous avons reçu le collectif et cette dynamique est toujours valable. Donc je ne regrette pas d’avoir poursuivi le dialogue. Ce qui ne veut pas dire que j’excuse l’incendie."

Cela vous a t il été reproché ?
 

Non.
Sécurité toujours, depuis quelques temps, le quartier de Soula à Macouria, est le théâtre d’échanges de coups de feu, de règlements de comptes etc (lire ici). Que se passe-t-il dans cette zone ?
 
"Il y a eu des interpellations et des jugements en comparution immédiate. Les forces de l’ordre ont été réactives à Soula, Kourou, Cayenne… Je ne crois pas qu’on ait d’augmentation de la délinquance depuis le déconfinement. Entre 2017 et 2020, nous sommes sur une baisse de la délinquance d’environ 15%. Je ne regarde pas que les statistiques évidemment. C’est explicable. Le couvre-feu et la fermeture des frontières nous ont permis d’éviter un certain nombres d’infractions. Ça ne veut pas dire que la délinquance s’est arrêtée. Comme nous récupérons nos escadrons de gendarmerie mobile à un niveau qui est le niveau normal depuis 2017, je n’ai pas de doute que l’action des forces de l’ordre permette que les Guyanais puissent continuer à vivre tranquillement."
On le sait, l’État a distribué de nombreux masques. Que répondez-vous à ceux qui s’agacent que des masques soient distribués dans des zones d’habitat informelles et donc illégales ? (lire ici)
 
"Quand on est en période de lutte contre l’épidémie, on doit s’occuper de tous ceux qui vivent sur le territoire. Ce n’est pas le moment de trier ceux qu’on doit aider. Le virus ne regarde pas la nationalité de ceux qu’il infecte. Nous avons également mis en place un système d’aide alimentaire qui va dépasser les six millions €. On a aussi amélioré l’adduction d’eau dans certains quartiers. Une fois que l’épidémie sera passée, nous reprendrons bien sûr notre politique de lutte contre l’habitat insalubre et illégal."

Comment voyez-vous l’après-Covid en Guyane ?
 

Cette épidémie, qui n’est pas terminée, a été une épreuve de longue durée. La Guyane manque sans doute de confiance en elle, dans son système de santé, dans sa capacité de résilience. Je pense que lorsque l’on fera le bilan, on verra que la Guyane n’est pas le territoire d’Amérique du Sud où l’épidémie a été le plus mal gérée, et où la population a le plus mal supporté les mesures de restrictions. La leçon que je tire est que la réaction de la population a montré que la Guyane était robuste. Et cela doit inciter la Guyane à plus se faire confiance.

Et vous, comment en sortez vous de cette crise ?
 

"Le travail de l’État est de gérer les crises. Cependant, je ne me suis pas particulièrement épanoui pendant cette crise. J’ai considéré que cette crise était à la fois une épreuve pour la Guyane, une épreuve pour l’État et aussi un test et un défi personnel. C’est comme cela que je l’ai vécu. La crise n’est pas terminée et j’analyserai le moment venu cette crise en faisant le point sur le défi personnel et collectif qui se sera présenté à nous et à moi."



August 08, 2020 at 02:05AM
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