Amazon Prime
(Galadriel dans la série « Seigneur des anneaux : Les Anneaux de Pouvoir »)
SÉRIES - Parlez ami et entrez. Il y a presque cinq ans, en novembre 2017, Jeff Bezos, du haut de sa tour Amazon Prime, annonçait au peuple qu’une série sur Le Seigneur des Anneaux allait être développée. Ce, grâce aux droits qu’il avait chèrement acquis (250 millions de dollars) auprès de la Tolkien Estate. Une nouvelle laissant les fans entre ravissement et crainte, car qui ose s’attaquer à un monument comme l’œuvre de J.R.R Tolkien prend le risque de décevoir toute une communauté. Pas celle de l’Anneau, mais celle des fans dont je fais partie. Et nous sommes légion à travers le monde.
Le dernier essai en date, le triptyque du Hobbit, restait encore frais dans les mémoires. Il n’avait, certes, pas été désagréable à regarder, mais il était loin d’arriver à la cheville de la plus épique des trilogies, Le Seigneur des anneaux. Alors qu’attendre d’une série qui, de surcroît, ne pourra être regardée que sur petit écran ? « Une mort certaine. De faibles chances de succès. Mais qu’attendons-nous ? », aurait répondu Gimli.
La crainte a peu à peu laissé place à l’espoir en 2019, lorsqu’il a été annoncé qu’Amazon allouerait un milliard de dollars à la série, réparti en cinq saisons. Quitte à s’attaquer au Silmarillion, autant le faire avec les armes adéquates. Une dernière question subsistait alors : les réalisateurs sauront-ils les manier habilement pour triompher ?
À cette question, Le HuffPost peut apporter aujourd’hui un début de réponse. À l’approche du lancement de la série ce vendredi 2 septembre sur Amazon Prime Vidéo, nous avons pu voir en avant-première les deux premiers épisodes des Anneaux de Pouvoir. Il est vrai que ce n’est qu’un quart de la saison qui compte huit épisodes, mais cela reste suffisant pour en avoir un avant-goût. Un avant-goût très prometteur.
« Aux premières lueurs du cinquième jour, à l’aube, regardez à l’est »
Cette expérience commence par l’appréhension. Face à l’écran noir, avant que ne débute la projection, naît la crainte d’être déçue. Car on sait, au fond, qu’il reste très difficile de retrouver dans une œuvre les sensations que nous en a procuré une autre. Pour moi, Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson c’est l’émerveillement, le courage, la fraternité, le cœur gonflé par la musique d’Howard Shore absolument grandiose, les scènes épiques et les batailles colossales. Mais c’est aussi la poésie des scènes plus douces, au son des ballades enchanteresses elfiques. Tant d’attentes.
La toile s’illumine, les premières images défilent, les premières notes résonnent et les poils se dressent. Assise dans la pénombre de la salle de projection, j’ai l’impression d’être à l’aube du cinquième jour, regardant vers l’Est.
Pour rappel, Les Anneaux du Pouvoir se déroulent 4000 ans avant la Communauté de l’Anneau, dans un « Deuxième Âge », une période sur laquelle Tolkien a livré relativement peu de détails. Un Âge qui voit grandir la jeune Galadriel en Valinor, les Terres Éternelles où s’en sont allés Frodon, Galadriel, Elrond et Gandalf à la fin de la trilogie.
Ces terres pleines de promesses, qui demeuraient jusque-là si mystérieuses, ne déçoivent pas une fois révélées par John D. Payne et Patrick McKay. Et c’est sûrement là le grand point fort de cette série : elle est magnifique. Que dis-je, époustouflante. Les effets spéciaux sont extraordinaires, les images léchées, les décors sublimes, les costumes majestueux. Rien que ça.
« L’argent est vraiment à l’écran »
Et le mérite des créateurs n’en est que plus grand quand on sait que la plupart des lieux où se déroule la série avaient seulement été décrits dans les œuvres de Tolkien, sans réelle représentation. On imagine le travail colossal que cela a dû être de créer le plus fidèlement possible la capitale elfique de Lindon avec ses forêts fabuleuses, la grande cité naine de Khazad-dûm en plein âge d’or ou encore la cité elfique d’Eregion.
Devant tant d’émerveillement, je me suis souvenu des mots de la productrice Lindsey Weber. Celle-ci avait estimé que le budget d’un milliard de dollars était « un gros titre très accrocheur dont les gens aiment parler », tout en promettant que les spectateurs allaient voir « que l’argent est vraiment à l’écran ».
Et c’est vrai. À hauteur de 200 millions de dollars par saison, un épisode pèse à lui tout seul 25 millions. Chaque plan nous le rappelle. « Une grosse partie du budget de la série a été consacrée à la construction de décors et de costumes hors du commun », a déclaré Patrick McKay, le cocréateur. « Une ville entière avec un quai et plusieurs pâtés de maisons » a notamment été construite. Alors, loin de moi l’envie d’encenser le géant mondial du e-commerce, mais il nous avait promis du lourd, et promesse a été tenue.
Tout ceci sans compter la brillante bande originale offerte par Bear McCreary… et Howard Shore dont on reconnaît bien la patte. Ce dernier revient d’ailleurs pour une pièce maîtresse : le générique. Promesses de périples fantastiques et de sombres desseins, cette composition réussit même à insuffler quelques notes familières et chères à nos cœurs, qui renvoient vers Rivendell et La Communauté de l’Anneau.
Pourrais-je vivre chez les Elfes s’il vous plaît ?
Outre le pur aspect visuel, la fan que je suis a été enchantée de pouvoir enfin découvrir le fameux âge d’or des elfes et des nains évoqué dans la trilogie du Seigneur des Anneaux. Voir la Moria palpitante de vie, lumineuse et accueillante, bien loin du sombre destin qui lui est réservé quelques millénaires plus tard, a de quoi pincer le cœur. Autant que peut faire rêver l’immersion dans l’intimité des délicates cités elfiques.
Dans ces somptueux décors évoluent en parallèle quatre personnages, dont on reconnaît quelques noms familiers. On suit la vaillante et vengeresse Galadriel qui nous offre quelques scènes de combat très addictives. On retrouve également le diplomate et attachant Elrond, bien avant qu’il ne devienne Seigneur de Rivendell (Fondcombe en Français). On découvre également la jeune hobbit Nori dont la curiosité intrépide n’est pas sans rappeler celle de Bilbo Sacquet. Et enfin, l’elfe sylvain Arrondir en mission dans un village d’Hommes.
Capture d'écran Amazon Prime Video
Une image tirée de la bande-annonce de la série "The Rings of Power".
Immergé dans leur monde, on redécouvre l’étendue de l’univers de Tolkien, sa richesse (dans lequel Amazon s’est quand même permis un certain nombre de libertés, mais c’est encore un autre sujet). On s’y invite, se surprend à rêver d’y vivre malgré les dangers et la menace qui se tapit à l’Est. Les deux heures passent en un éclair, entre éblouissement, tensions, enchantement, frissons de plaisir et parfois de peur. L’alchimie est là.
Pour reprendre les mots de Boromir : « On n’entre pas si facilement en Mordor »... ni dans le cœur des fans. Une fois n’est pas coutume, il faut croire que si. Du moins le mien est resté grand ouvert pendant les deux heures de projection.
Pour autant, il reste impossible de dire aujourd’hui si Les Anneaux de Pouvoir vont être à la hauteur du Seigneur des Anneaux. Deux épisodes ne peuvent refléter toute une série, d’une part. D’autre part, rien ne peut égaler le fait d’avoir grandi avec une œuvre, s’en être inspirée, d’en avoir fait un élément de sa culture, un modèle moral parfois. Pas même un milliard de dollars.
Cela dit, rien n’est immuable. La preuve : une fois la dernière note jouée et l’écran redevenu noir, deux mots s’imposent dans mon esprit : « Wow, encore ».
« Mellon ».
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