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Shane MacGowan, chanteur des Pogues, « perdant magnifique », est mort - Le Monde

Shane MacGowan, en Irlande, en janvier 2017.

« Perdant magnifique », « charlot céleste »… Shane MacGowan, mort jeudi 30 novembre à 65 ans, a traîné cette réputation durant toute sa carrière. Il y a d’abord son incroyable « gueule », ses yeux globuleux, ses oreilles proéminentes et sa denture ingrate. Personnalité au penchant autodestructeur, grand buveur notoire, qui plus est accro aux stupéfiants en tout genre, le chanteur du groupe The Pogues n’a jamais caché sa préférence pour les derniers de la classe, les oubliés. Le succès de son groupe n’a fait paradoxalement qu’agrandir ce malaise en lui, cette idée de ne pas être à la bonne place. Et puis, il y a le parolier exceptionnel, le poète cru et drôle, de la trempe d’un Tom Waits, conteur d’histoires remplies de compassion pour les marginaux et les destins fracassés.

Né le 25 décembre 1957 dans le Kent, en Angleterre, de parents irlandais, Shane MacGowan grandit dans la campagne irlandaise jusqu’à l’âge de 6 ans et demi, avant que sa famille ne retourne en Angleterre s’installer dans la banlieue londonienne. Son père est employé dans un grand magasin ; sa mère, ancienne chanteuse et danseuse traditionnelle, fut notamment mannequin durant sa jeunesse dublinoise.

Garçon timide, élevé dans la foi catholique, l’adolescent a du mal à s’adapter à son nouvel environnement scolaire, enchaîne les fugues et les expulsions (il est surpris en possession d’amphétamines). Un épisode le marque à jamais : à l’âge de 16 ans, il fait un séjour dans un hôpital psychiatrique de Dublin, à la suite d’une surconsommation de doses de Valium prescrite par erreur. « De voir et d’entendre toute cette putain d’horreur et de misère, ça a changé beaucoup de choses en moi », confie-t-il au journaliste Nick Kent, dans The Dark Stuff. L’envers du rock (2006).

Explosion punk

Tout juste sorti de l’asile, il prend de plein fouet l’explosion punk, après avoir assisté à un concert des Sex Pistols. Sa première heure de gloire, si l’on ose dire, a lieu lors d’un concert des Clash, en 1976, où il se fait arracher le lobe d’une oreille. La scène, immortalisée sur une photo, fait le titre d’un quotidien populaire : « Cannibalisme à un concert de rock ». Il forme un groupe punk rockabilly en 1978, The Nipple Erectors (« les dresseurs de tétons »), avec James Fearnley, futur accordéoniste des Pogues, ainsi que Jon Moss, qui fondera plus tard Culture Club, avec Boy George. Puis il forme un deuxième groupe, The Chainsaws, plus éphémère.

Lassé par le punk, il se tourne vers la musique folk irlandaise avec quelques connaissances de squat sous le nom de Pogue Mahone (littéralement « embrasse mon cul » en gaélique). Outre James Fearnley, il est rejoint par Jem Finer au banjo, le flûtiste Spider Stacy, la bassiste Cait O’Riordan (future épouse d’Elvis Costello) et le batteur Andrew Ranken. Le groupe opte pour le nom raccourci The Pogues en 1983, puis signe, l’année suivante, sur le label indépendant Stiff Records, qui reprend en licence leur premier single autoproduit, Dark Streets of London. Le premier album du groupe The Pogues, Red Roses for Me (1984), aux ventes modestes, pose les bases de son style : une musique celtique inspirée par les vétérans The Dubliners, le tout arrosé d’une gouaille punk ou d’une ivresse inédite, c’est selon.

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