On ne peut pas dire que c’est un échec mais on peut dire que ça s’effiloche sévère. A son tour, l’acteur Charles Berling a pris ses distances samedi 30 décembre avec la tribune défendant Gérard Depardieu, publiée dans le Figaro le jour de noël, qu’il avait pourtant signée comme une cinquantaine de grands noms du cinéma français.
Mais contrairement à certains artistes qui tiennent à préciser un peu tard qu’ils se désolidarisent de l’instigateur de la tribune, Yannis Ezziadi, dont les liens avec la réacosphère sont petit à petit mis au jour, Berling présente ses excuses aux personnes qui ont pu être choquées par son choix. Depardieu, défendu par Emmanuel Macron en personne, est mis en examen pour viols et soupçonné de nombreuses agressions sexuelles.
«Je ne souscris pas à l’ensemble de cette tribune, je combats au quotidien les idées d’extrême droite portées par son auteur, je regrette le manque de nuance et les raccourcis de ce texte et j’entends l’indignation qu’il suscite, explique sur Instagram l’artiste estampillé à gauche après avoir participé à plusieurs comités de soutien de candidats à l’Elysée. Ma position a visiblement blessé de nombreuses personnes, j’en suis profondément attristé et je m’en excuse. Mon engagement contre les violences faites aux femmes est indéfectible et le restera toujours.»
La mobilisation de cette (petite) partie du cinéma français en faveur de Gérard Depardieu a déclenché une contre-offensive de plus en plus visible avec la publication, vendredi 29 décembre, d’une contre-tribune prenant la défense des victimes de violences sexuelles et signée, elle, par 600 artistes.
«J’assume» mais…
Pour justifier sa décision de signer le texte publié lundi 25 décembre au soir par le Figaro, et intitulé «N’effacez pas Gérard Depardieu», Berling explique qu’il voulait dénoncer une «haine collective» et les «effets de horde et de meute» que les réseaux sociaux peuvent permettre. De leur côté, Carole Bouquet, qui a défendu Depardieu bec et ongles sur les plateaux de télévision, mais aussi Nadine Trintignant, Gérard Darmon ou Josée Dayan ont également exprimé des regrets vendredi, mais ils portaient principalement sur le pedigree de Yannis Ezziadi.
«J’ai signé, a déclaré sur Instagram Carole Bouquet, qui a vécu pendant une dizaine d’années avec Gérard Depardieu. Cependant, je ne soutiens pas les idées et valeurs associées au journaliste porteur de cette tribune. Lui donner de la visibilité par l’entremise de Gérard me met, comme vous pouvez l’imaginer, profondément mal à l’aise.»
Nadine Trintignant, dont la fille Marie a été tuée par le chanteur Bertrand Cantat en 2003, a dit au Point n’avoir pas su qui l’avait écrite : «Je demande aux personnes que j’ai choquées de ne pas m’en vouloir de ma grave erreur». «Je suis contre le lynchage médiatique que j’ai vécu avec violence dans la presse, qui parlait de crime passionnel au sujet de ma fille. Aujourd’hui, on en parle comme d’un meurtre et c’est bien, insiste l’actrice et réalisatrice. J’ai toujours défendu les femmes, lutté pour l’avortement libre et bien sûr pour la défense des femmes battues.»
Ancien patron de la Cinémathèque française, Serge Toubiana assure aussi ne pas avoir su qui était à l’origine du texte : «J’ai signé parce que j’ai horreur de l’esprit de meute et que la présomption d’innocence doit être défendue.» Le texte «n’est pas parfait», admet-il a posteriori, car il donne l’impression «que parce qu’il (Depardieu) est un immense acteur, ça pourrait le mettre au-dessus de la loi». Or «cela ne le dédouane pas, pas plus mais pas moins qu’un autre». «J’assume, a proclamé de son côté le producteur et ex-agent Dominique Besnehard. Je soutiens la présomption d’innocence de Gérard et de tout individu. Et je m’en veux d’avoir été naïf.»
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Divertissement
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