"Le fondateur du hip-hop", "le père du hip-hop", Clive Campbell alias DJ Kool Herc est affublé des surnoms les plus prestigieux de la musique underground de New-York des années 1970. Et pour cause, si le hip-hop s'est développé au début des années 1970 un peu partout à New York, c'est grace à ce DJ et à son mix du 11 août 1973. Voici l'histoire de cette soirée.
De la Jamaïque au Bronx
Clive est né à Kingston en Jamaïque en 1955. Pendant la première partie de son enfance, il est fasciné par ce qu'il voit et entend autour de lui : les "Dance hall". Ces salles de danse improvisées dans les ghettos de Kingston, ancêtres des boîtes de nuit, accueillaient des groupes de musique, d'abord big band, swing et jazz, jusqu'aux DJs. Ce qui interpelle le jeune homme, c'est le "toasting", l'accompagnement vocal qu'improvisaient certains artistes jamaïcains sur des musiques, en parlant avec un rythme répétitif et un ton monotone. Une tradition musicale qui inspirera le hip-hop et la discipline du rap.
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Puis à l'âge de 12 ans, en 1967, Clive Campbell déménage avec ses parents et ses cinq frères et sœurs dans le Bronx à New-York. La famille s'installe dans le HLM du 1520 Sedgwick Avenue, surnommé "le refuge des classes ouvrières". L'endroit deviendra plus tard le "berceau du hip-hop". Au lycée, il commence le graffiti avec le groupe des "Ex-Vandals" et prend le pseudo de Kool Herc. Au même moment, il se passionne pour le hard-funk de James Brown. Il découvre le disque Sex Machine et devient obsédé par le morceau Give It Up or Turnit a Loose.
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Assez rapidement il lance ses premières soirées, les bien connues "block parties". Des fêtes de quartier organisées dans les rues. Avec ses deux amplis, ses deux platines et ses deux colonnes de haut-parleurs, il bricole des "soundsystem". Celui qu'on appelle désormais DJ Kool Herc balance les morceaux de funk, de R&B et de soul les plus populaires de l'époque. Et quand les jeunes du Bronx s'ennuient et ne sont touchés ni par la radio commerciale, ni par les boîtes au public vieillissant, ni par les quartiers chics, ils foncent voir Kool Herc.
Ce soir là DJ Kool Herc mixe sans casque
Puis vient la soirée du 11 août 1973. La petite soeur de Clive, Cindy Campbell, fête son anniversaire. La famille Campbell organise une grande soirée dans une salle des fêtes du 1520 Sedgwick Avenue. Depuis quelques temps le DJ s'affaire à développer une nouvelle technique. Il prend deux copies du même album et isole la partie "break", une "pause" dans les morceaux disco/funk, souvent courte et percussive. Il avait remarqué que c'était la partie qui faisait vraiment danser son public. C'était aussi celle qui animait ceux qu'on appelle plus tard les breakdancers, ces danseurs acrobatiques. Avec les deux mêmes disques sur ses deux platines, il gère les "breaks" d'un même morceau et les fait durer. Il enchaîne avec les "breaks" de l'ensemble des morceaux de sa playlist. Il appellera ça le "Merry-Go-Round", le manège, symbolisant les allers-retours incessants entre les "breaks". Et ce soir là, il essaye pour la première fois en public. Démonstration de ce que cela pouvait donner :
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La technique demandée pour un tel exercice est saluée tant elle est complexe. Kool Herc, dans une interview donnée au Schomburg Center, centre de recherche autour de la culture noire, revient sur cette soirée : "Je n'avais pas de casque audio, donc je devais connaître parfaitement mes disques. Connaître les breaks, connaître les reprises, les refrains. Personne ne pouvait me parler, j'étais trop concentré". Le DJ a raconté maintes fois en riant les souvenirs qu'il garde de ce 11 août 1973 : "On avait fait des cartons d'invitation et on en avait distribués plein au lycée. J'avais expliqué aux gens comment venir au 1520 Sedgwick avenue. Je leur avais demandé de venir bien habillés, les femmes parfumées avec du Channel n°5. Elles payaient l'entrée 25 cents, et les hommes 50 cents, on vendait bières et soda à l'intérieur. J'ai adoré regarder la piste de danse, être à la barre de cette soirée derrière les platines, être acclamé par le public. Je savais ce que les gens voulaient entendre". Après ça, Kool Herc commence à être plus reconnu dans le quartier, à faire davantage de soirées et gagner son pécule. Mais il ne pourra plus jamais jouer au 1520, à cause des plaintes des résidents.
À ce moment là, le DJ a créé le "breakbeat", la base rythmique qui sera le cœur des blocks parties du hip-hop américain et le point de départ du rap. Pendant son mix, Kool Herc et son acolyte Coke La Rock, qui deviendra rappeur à ses côtés, scandent quelques onomatopées et argots, comme les bien connus "You rock, and you don't stop," ou "Hotel, motel, Holiday Inn". Les deux MC's, "maîtres de cérémonie", introduisent aussi les bases du rap ce soir-là. D'autres disciplines s'expriment pendant les lives de Kool Herc, comme le break dancing ou le beatboxing, et les générations de DJs qui suivront inventeront leur propres styles et techniques, comme le scratching, un son bien connu du mouvement du vinyle d'avant en arrière.
On ne peut pas précisément établir que cette soirée en particulier détermine le début du hip-hop. Le genre s'est installé doucement, un peu partout à New-York. Mais si on la considère en tant que telle, c'est parce qu'elle est cruciale pour définir la culture hip-hop. Et dans la soirée se trouvaient des futurs grands artistes qui seront inspirés par Kool Herc et qui feront le hip-hop des années 70-80 : Grandmaster Flash, Afrika Bambataa, KRS-One et bien d'autres.
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D'autres choisissent d'autres dates pour marquer la naissance du hip-hop. Cela peut être dès 1970, lorsqu'un certain DJ Pete Jones jouait des albums funk & soul dans les clubs. Ce DJ isolait aussi des "breaks" dans ses sets et il a invité dès 1971 des M.C.'s pour qu'ils posent leur voix sur ses mix. Pour d'autres, c'est en septembre 1979, lorsque le groupe Sugarhill Gang sort le morceau Rapper's Delight, premier titre populaire à entrer dans le top 40 du billboard 100.
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