Pour Claude Brasseur, notoriété et paternité vont de pair. En cette année 1971, il incarne Vidocq, le héros mémorable d’un feuilleton télé très populaire, en même temps qu’il devient le papa d’Alexandre, né le 29 mars. Philippe Le Tellier, photographe pour Paris Match, est présent pour immortaliser son baptême. Des photos jamais publiées.
Six ans plus tard, césarisé pour son rôle dans « Un éléphant ça trompe énormément », Claude Brasseur nous ouvre les portes de sa maison. La France le découvre alors en compagnie de sa femme, Michèle, et d’une adorable petite tête blonde qui a déjà bien grandi, Alexandre. Le couple s’est installé à 50 kilomètres de Paris, pour fuir les faux amis. « On attrape vite la grosse tête quand arrive un semblant de succès », explique Claude Brasseur.
Claude, un parent absent malgré lui
Alexandre grandit donc loin de l’agitation de la capitale et du show-business. Mais impossible de ne pas subir les conséquences de la célébrité de son père : à l’école du village, il a l’impression d’être une bête curieuse. Si, à l’écran, Claude est le charismatique et inoubliable papa poule de Vic, alias Sophie Marceau dans « La boum », dans la vie, c’est un parent absent malgré lui.
Quand il n’est pas sur un tournage à l’étranger, il part sur les routes du rallye Dakar. Alexandre est envoyé en pension à Aix-en-Provence vers l’âge de 10 ans. Son grand-père, Pierre Brasseur, avait pris la même décision pour Claude. Et la pilule n’est jamais passée. L’enfant blessé va grandir avec ce sentiment de trahison, même si rien n’y paraît dans les numéros de Match où les images du bonheur en famille se succèdent. Les Brasseur nous invitent chez eux à table près du feu de cheminée, partagent leurs souvenirs de vacances au Brésil, où « Alexou », 16 ans, découvre les joies du surf avec son père.
Après avoir été tenté par la sculpture, il est rattrapé par l’atavisme familial
Au lycée, le jeune homme, qui porte les cheveux longs et un foulard noué autour du cou, se passionne pour l’art et la philosophie. Il y rencontre Juliette, qui deviendra sa femme et la mère de ses deux enfants, Louis et Jeanne. Après avoir été tenté par la sculpture, il est rattrapé par l’atavisme familial, la passion des planches et du cinéma. En 2007, Claude et Alexandre jouent ensemble dans « Mon père avait raison » de Sacha Guitry.
Deux cents dates à guichets fermés, deux années qui vont les marquer et les rapprocher. « À part la ressemblance physique que l’on ne peut pas cacher, je ne pense pas que notre vocation d’acteur soit une question de génétique. Ça vient plutôt de ce que j’appelle “l’éducation silencieuse, inconsciente” », confie alors Alexandre dans nos colonnes.
En 2019, toujours pour Match, il pose sur une Harley-Davidson 1 200 Sportster
En 2014, il partage la scène avec un autre fils de star, Davy Sardou, dans « Georges et Georges » d’Éric-Emmanuel Schmitt. Entre ces deux-là, qui connaissent les difficultés de se faire un prénom au sein d’une dynastie d’artistes célèbres, l’entente est immédiate.
En 2019, toujours pour Match, il pose sur une Harley-Davidson 1 200 Sportster, qu’il enfourche fougueusement pieds nus. Un rêve de gosse. À 48 ans, il trace sa route, sereinement, de la télé au théâtre et inversement. La disparition de son père, le 22 décembre 2020, exhume de nombreux souvenirs et plonge Alexandre dans un profond chagrin : « On s’est retrouvés tard. Entre un père et un fils, c’est toujours un peu trop tard. On s’est retrouvés et puis, il est parti. »
Sera-t-il le dernier Brasseur à faire de la fiction ?
Pour la série populaire de TF1 « Demain nous appartient », dans laquelle il joue le mari d’Ingrid Chauvin depuis six ans, il s’est installé à Sète. Récemment divorcé de Juliette, Alexandre a officialisé sa relation avec Isabelle Regourd, qui gère les relations publiques de la saga méridionale. Sera-t-il le dernier Brasseur à faire de la fiction ? Son fils travaille dans la restauration en Espagne et sa fille suit des études de littérature à Montréal. Claude a souvent déclaré à Match que « 70 % des enfants font le même métier que leur père ». Cette fois, Alexandre ne pourra pas dire : « Mon père avait raison. »
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