POLITIQUE - Aya Nakamura au Sénat. Aya Nakamura en meeting. Aya Nakamura sur les plateaux de télévision : depuis quinze jours, la chanteuse est partout, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête de l’article. Son nom, en tout cas, est au cœur du débat politique.
Pour comprendre cette omniprésence (malgré elle), il faut remonter au jeudi 29 février dernier. Le journal L’Express publie alors une enquête fouillée sur « Les exigences secrètes d’Emmanuel Macron pour les JO. » À l’intérieur, on apprend que le président de la République s’intéresse de très près à la cérémonie d’ouverture, le 26 juillet prochain.
Il aurait reçu Aya Nakamura à l’Élysée mi-février pour en discuter avec elle et lui proposer de participer à la fête, pourquoi pas en chantant Édith Piaf. Depuis, ni l’entourage du président, ni la chanteuse n’ont démenti une éventuelle performance de l’artiste francophone la plus écoutée dans le monde.
Offensive des réactionnaires
C’est là que vient la polémique. L’idée de faire chanter l’interprète de « Djadja » ou « Pookie » hérisse les réactionnaires du pays. Nombreux élus de droite et d’extrême droite ne loupent pas une occasion de critiquer l’œuvre d’Aya Nakamura.
Cette offensive aux relents racistes atteint son pic le week-end du 10 mars. Samedi 9, un groupuscule de l’ultradroite poste sur les réseaux sociaux la photo d’une banderole haineuse à l’endroit de l’artiste. Le lendemain, dimanche, Eric Zemmour déclenche la bronca de ses militants en la citant lors de son premier grand meeting de campagne pour les élections européennes. « Les bébés votent Mozart, pas Aya Nakamura », résume-t-il en substance, après un long développement sur les goûts musicaux des fœtus.
Pour résumer, ses détracteurs fustigent les libertés que l’artiste de 28 ans prend avec la langue française, comme dans « Djadja », où elle joue avec l’argot et le verlan. « Elle ne chante pas en Français », répètent même en chœur des élus Reconquête ou Rassemblement national.
Les ministres montent au créneau
Face à ces attaques, Aya Nakamura a compté sur le soutien de nombreux artistes, et des organisateurs des Jeux olympiques. Ces derniers se disent « très choqués » par tant « d’attaques racistes ».
Dans la sphère politique, c’est la gauche et le camp présidentiel qui montent au créneau. Avec en première ligne, la ministre de la Culture Rachida Dati, laquelle a critiqué ceux qui usent de « prétextes pour s’attaquer à quelqu’un par pur racisme » lors d’une audition au Sénat, mardi 12 mars au soir. Après avoir poussé la chansonnette, sa collègue aux Sports Amélie Oudéa Castéra a pour sa part estimé au micro de l’émission C à vous, sur France 5, que ces attaques « n’ont pas leur place dans notre pays. »
Autant d’échanges qui ont poussé la principale attaquée à réagir. « Vous pouvez être raciste mais pas sourd », a répondu celle qui doit « que dalle » à ses détracteurs. Chantera-t-elle, ou non, le 26 juillet, pour cette cérémonie retransmise à travers le monde ? Réponse dans les prochaines semaines.
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