La 5ᵉ édition du festival s’est achevée ce vendredi à Lille. Notre sélection parmi un programme particulièrement porté sur la crise climatique et les droits des femmes.
Publié le 24 mars 2023 à 14h29
Mis à jour le 24 mars 2023 à 14h37
L‘édition 2023 de Séries Mania a confirmé, si cela était encore nécessaire, que les séries captent notre époque avec force nuances. Deux grandes thématiques ont largement dominé la sélection de 55 séries venues de 24 pays proposée au public pendant ces huit jours de festival. La crise climatique d’abord, avec une demi-douzaine de drames aux accents écologistes, dont l’Allemande A Thin Line sur deux sœurs activistes, The Fortress, située dans un futur où la Norvège a fait construire un mur pour se protéger des réfugiés climatiques, ou encore la coproduction internationale Abysses, dans laquelle les océans prennent leur revanche sur les humains. Les droits des femmes ensuite, et en particulier celui de disposer de leur corps, avec notamment Désobéir : le choix de Chantale Daigle, sur le droit à l’avortement dans le Québec des années 1980, A Body That Works, autour de la question de la GPA en Israël, ou encore Le Pouvoir, dans un monde où les adolescentes développent le pouvoir de maîtriser l’électricité.
Avant la révélation du palmarès de cette 5ᵉ édition de Séries Mania Lille Hauts-de-France, ce soir – à retrouver sur Télérama.fr –, voici les onze œuvres qui nous ont le plus surpris, émus et amusés, en attendant leur diffusion prochaine en France.
“De Grâce” (France)
En 2021, Vincent Maël Cardona nous avait soufflés avec Les Magnétiques, son premier long métrage à l’atmosphère étourdissante. Il nous cueille à nouveau (pour les mêmes raisons, mais pas seulement) avec cette série noire située dans le milieu des dockers, au Havre. Histoires de familles et d’allégeances sur fond de trafics. Quelque part entre The Wire et les films de James Gray. Olivier Gourmet et Panayotis Pascot sont prodigieux en père et fils.
Prochainement sur Arte.
“Everyone Else Burns” (Royaume-Uni)
La famille Lewis, membre d’une secte ultra catholique, attend joyeusement la fin des temps. Qui ne vient pas. Cette comédie britannique oscille entre blagues pince-sans-rire et humour noir de noir, redoublant d’inventivité pour se payer la tête de ses héros. Surtout celle de David, le patriarche, ridicule tyran domestique peu à peu renversé par sa femme, Fiona, et sa fille Rachel, bien décidées à vivre un peu. Une cinglante (mais aussi délirante) critique des conservatismes religieux et sociaux.
“Latecomers” (Australie)
Sarah et Frank sont en fauteuil et tous deux se demandent s’ils auront un jour droit à une sexualité. La voisine de l’une, le meilleur copain de l’autre, la mère de l’une, les filles de l’autre… Avec un bel élan, ce format court australien (dont on aurait aimé qu’il ose prendre plus de temps !) fait vivre et vibrer ensemble des héros handicapés ou non, créant une petite communauté à laquelle on s’attache vite et qui nous questionne, avec une insolence salutaire, sur nos réflexes validistes.
“Besoin d’amour” (France)
Marco Delgado vit une fin de carrière difficile. Acteur porno sur la touche, il est aujourd’hui videur dans un pub pour boucler ses fins de mois. Victime d’étranges malaises à répétition, le voilà hospitalisé. Le diagnostic du médecin est formel : Marco a besoin d’amour. Avec son pitch à haut potentiel burlesque, la série créée, réalisée et interprétée par Fred Hazan (dans le rôle principal) aurait pu n’être qu’une grosse comédie. La finesse de l’écriture et sa délicate mise en scène en font une dramédie sensible.
Le 11 mai sur OCS Max.
“Le Pouvoir” (États-Unis/Royaume-Uni)
« Toute révolution commence par une étincelle. » Dans un accès de colère, une montée de désir, ou tout simplement en faisant réchauffer une tasse de café au micro-ondes, des adolescentes du monde entier se découvrent un pouvoir : celui de prodiguer, du bout de leurs doigts, des décharges électriques. Et donc d’inverser le rapport de domination entre les hommes et les femmes. La romancière Naomi Alderman adapte pour le petit écran son propre roman, la dystopie féministe Le Pouvoir (Calmann-Lévy, 2018). Assez roboratif.
Le 31 mars sur Prime Video.
“Les Gouttes de Dieu” (France/Japon/États-Unis)
Pour s’assurer d’hériter d’une des plus grandes caves au monde, la fille d’un fou de vin mort récemment et le fils spirituel de ce dernier doivent s’affronter dans un défi œnologique. Pour relever le challenge, l’orpheline va cependant devoir surmonter un traumatisme d’enfance… Adapté d’un manga culte (éd. Glénat, 44 tomes), cette ambitieuse coproduction internationale (Apple TV+ , France 2 et Hulu Japon) séduit, notamment, par sa manière de mettre en scène l’univers mental de son héroïne, qui évoque tour à tour Sherlock et Le Jeu de la dame.
Le 21 avril sur Apple TV + et prochainement sur France 2.
“Little Bird” (Canada)
Dans les années 1960, des milliers d’enfants amérindiens du Canada ont été arrachés à leurs parents pour être proposés à l’adoption par des familles blanches. À l’aube de son mariage, Esther, victime de ce traumatisme, est assaillie par la nécessité de retourner sur les traces de son passé. Portée par une équipe autochtone, dont la révélation Darla Contois dans le premier rôle, cette fiction bouleversante s’empare à bras-le-corps du génocide culturel et imprime l’insoutenable dans l’imaginaire collectif.
“Mentiras pasajeras” (Espagne)
Deux amies cambriolent la clinique esthétique dont l’une d’elles vient de se faire licencier afin de lancer leurs propre activité clandestine d’injection de botox. Produite par les frères Pedro et Agustín Almodóvar, cette comédie espagnole pimpante, avec son tandem d’héroïnes à la Ab Fab, navigue gaiement entre clins d’œil à La casa de papel et pluie d’hommages évidents aux films de la Movida. En sus, le portrait cruel – donc réjouissant – d’un écrivain en panne d’écriture, qui cherche à faire de sa vie un roman pour retrouver l’inspiration.
Prochainement sur Paramount.
“Nolly” (Royaume-Uni)
L’histoire vraie de Noele Gordon, alias Nolly, star d’un célèbre soap opera anglais subitement remerciée au début des années 1980. Russell T. Davies (Queer as Folk, Years and Years) parvient à nouveau à trouver le parfait équilibre entre drame intime poignant et comédie survitaminée. En seulement trois épisodes, il signe une déclaration d’amour à la fiction télé, doublée d’une dénonciation du machisme de l’industrie. Helena Bonham Carter est impressionnante en actrice caractérielle mais passionnée.
“Rictus” (France)
Dans un futur proche où rire est interdit par la loi, un fonctionnaire psychorigide (Fred Testot) et sa stagiaire débordante de vie (Ophélia Kolb) redécouvrent le fonctionnement de leurs zygomatiques. Arnaud Malherbe et Marion Festraëts (Chefs) signent cette comédie absurde, inquiétante mais hilarante, au croisement des films de Quentin Dupieux et de Terry Gilliam. Une drôle de série d’où le rire surgit par éclats, critique d’un monde où le règne de la bienveillance a débouché sur une autocensure permanente.
Prochainement sur OCS.
“The Actor” (Iran)
Deux copains, acteurs en galère, mettent leur art au service de la vie en se faisant embaucher pour pimenter (fort) une demande en mariage ou la fête d’un jeune diplômé de médecine… Cette série iranienne, la première à intégrer la compétition internationale de Séries Mania, épate par sa drôlerie retorse et sa mélancolie rugueuse. Une identité affirmée jusque dans la mise en scène, pleine d’esprit, à l’image de la toute première séquence où se détache, en ombre chinoise, entre deux voitures à l’arrêt dans un désert de cailloux, la silhouette d’un homme qui danse sur Losing My Religion, de R.E.M.
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